« Ce titre est un soulagement parce que nous avons connu beaucoup de malheurs cette année », avoue Pierre Seillant au soir du neuvième sacre de l’Elan Béarnais. Oui, l’Elan a fini la saison en apothéose devant son public, rejoignant Limoges au nombre de couronnes hexagonales, mais que cette saison 2003-04 a été éprouvante.
Un vent de nouveauté souffle sur la Pro A. Pour la première fois depuis 1981, la finale se joue en une manche sèche, à Bercy, et la formule des playoffs a été revisitée en un format en match aller-retour favorisant les « upsets ». Deux clubs vont profiter de cette nouvelle donne pour déjouer les pronostics et offrir au basket français une finale inédite ; la SIG en profite au passage pour gagner son premier titre de champion de France.
En ce début de saison 2004-05, le club alsacien ne pointe pas parmi les favoris. L’heure est plutôt à la reconstruction après le départ d’Alain Weisz, remplacé par Eric Girard. Seuls trois éléments sont toujours en place, le meneur franco-israëlien Afik Nissim, l’ailier croate Hrvoje Perincic et Crawford Palmer, le vice-champion olympique de Sydney. De son précédent club du Havre, Eric Girard a fait venir Aymeric Jeanneau et les frères Jeff et Ricardo Greer. En sus des frangins dominicains, deux autres recrues, l’Anglais John McCord et le Portoricain Sharif Fajardo sont originaires de New York. C’est pourquoi cette équipe, composée de huit joueurs d’origine étrangère dont six nés aux Etats-Unis, héritera du surnom de « Gang de New York » – une référence au film de Martin Scorsese, « Gangs of New York », sorti en 2003.
Ce groupe, parfois critiqué en raison de son côté américanisé, est tout sauf une association de mercenaires. Au contraire il dégage un état d’esprit remarquable. L’équipe est bien née. Elle va le prouver en s’imposant d’entrée chez le champion de France palois et en raflant six victoires de suite. La saison est bien lancée. A la fin de la phase aller, la SIG figure sur le podium (13v-4d). Les hommes d’Eric Girard faibliront à peine lors de la phase retour (22v-10d) pour terminer 3e de la saison régulière – le meilleur classement de l’histoire du club – à une seule victoire du Mans et de l’ASVEL.
Le « Gang de New York » n’est pas bon à prendre, en particulier dans son Rhénus, où il ne s’est incliné qu’une fois en saison régulière (16v-1d). Sa solidité à la maison sera un atout considérable en playoffs : la SIG parviendra à se glisser en finale sans gagner à l’extérieur. En quart de finale aller, la courte défaite ramenée de Pau (70-69) ressemble à une victoire. Au retour, Afik Nissim fait feu de tout bois (27 points à 8/9 aux tirs en 21 minutes). Le champion est au tapis (88-75). En demi-finale, la SIG assomme l’ASVEL (88-70). Les Villeurbannais ne referont pas leur retard à l’Astroballe (85-77) malgré les 26 points de Bernard King.
La finale, inédite, offre un derby de l’Est entre Strasbourg et Nancy. Longtemps, le 8e de la saison régulière fait la course en tête. A la mi-temps, les hommes d’Eric Girard sont relégués à 11 longueurs, étouffés par la défense des Cougars (28-39). Et puis Jeff Greer se réveille, John McCord poursuit son travail de sape à l’intérieur (17 points). Les Strasbourgeois refont leur retard. Dans le dernier quart-temps, ils sortent de leur boîte un dernier joker, Afik Nissim auteur de trois missiles longue portée dont il a le secret. La SIG est championne de France. Pour une bonne partie de cette belle équipe, l’aventure continuera en Euroleague.
Les faits marquants de la saison
Le 9 octobre 2004, l’arrière du Havre, Jermaine Guice (1,91 m, 32 ans) démarre la saison sur les chapeaux de roue : 45 points, 7 rebonds, 7 passes, 4 interceptions, 54 d’évaluation contre Dijon. Il enchaîne avec 36 puis 34 d’évaluation lors des deux journées suivantes. L’Américain est sur les bases d’une saison de MVP. Il finira 3e meilleur marqueur du championnat et 1er à l’évaluation.
Le BCM remporte le premier trophée de son histoire, la Coupe de France, emmené par le MVP français de la saison, Laurent Sciarra (23 points, 9 passes décisives). Une belle consécration l’année des 100 ans de son président fondateur, Albert Denver.
Maxime Zianveni (Nancy) est élu MVP de la Semaine des As à Clermont-Ferrand, après la victoire écrasante du SLUC face au BCM Gravelines-Dunkerque… 112-76 !
La formule des playoffs en match aller-retour ne récompense pas l’équipe la mieux classée. Quelques gros passent à la trappe, tels le MSB, premier de la saison régulière et éliminé par le SLUC Nancy en quart de finale. Les Manceaux vainqueurs à Nancy (62-61) sont éliminés après avoir perdus à Antarès (70-77).
Les Trophées de la Saison 2004-05
M.V.P. Français : Laurent Sciarra (Gravelines-Dunkerque) | Meilleur Marqueur : Rowan Barrett (Dijon) – 21.5 pts | |
M.V.P. Etranger : Jermaine Guice (Le Havre) | Meilleur Rebondeur : K’Zell Wesson (Gravelines-Dunkerque) – 10.4 rbs | |
Entraîneur de l’Année : Éric Grirad (Strasbourg) | Meilleur Passeur : Laurent Sciarra (Gravelines-Dunkerque)- 7.6 pd | |
Meilleur Jeune : Mickaël Makongo (Chalon/Saône) | Meilleur Contreur : Ken Johnson (Bourg-en-Bresse) – 2.1 ctr | |
Défenseur de l’année : Mickaël Makongo (Chalon/Saône) |
Les autres Compétitions de la Saison 2004-05
Semaine des As – Nancy
Quart de finales |
L’histoire de la Breizh Team, c’est d’abord celle d’un club, l’Etendard de Brest, habitué à composer avec des bouts de ficelle depuis son accession en Pro B en 1995. Les équipes entraînées par Yves-Marie Vérove n’avait jamais fait mieux que 8e, avait parfois joué avec le feu, mais le plus bel exploit de l’Etendard était d’être resté dix ans dans l’antichambre.
Jusqu’à cette saison 2004-05. Une saison où les astres se sont alignés. Non pas que les Brestois aient disposé d’une rallonge budgétaire – à peine 800 000€. Simplement, le club a réalisé des pioches extraordinaire et l’équipe a trouvé une alchimie parfaite en dépit de nombreuses avaries. Voici une paire américaine Tyson Patterson (arrivé d’Islande, il finira MVP étranger) et Eric Schmieder à 70 000 dollars. Voilà un pivot Serbo-australien fantasque mais diablement efficace, Pero Vasijlevic. Un ailier russo-camerounais, Yaya Adamou, parfait dans son rôle de 6e homme en remplacement de Garry Chathuant, out dès le premier match de la saison. Sans compter deux joueurs français majeurs, le vétéran Jimmy Vérove (34 ans) – victime d’un accident de moto au printemps, il ne finira pas la saison – et Stephen Brun (24 ans) rien de moins que le MVP français de la saison auxquels il faut ajouter le longiligne Christopher Cologer.
Ce sept majeur dévastera tout sur son passage – 17 victoires en 17 matches sur la phase aller ! – et décrochera la montée à six journées de la fin du championnat. La Breizh Team ne s’arrêtera pas en si bon chemin, éliminera la JSF Nanterre en quart de finale des playoffs au prix d’une remontée fantastique (-13 à l’aller, +15 au retour), puis Mulhouse en demie, avant de dominer Evreux en finale à Bercy. Rattrapé par ses moyens financiers, l’histoire de l’Etendard en Pro A ne durera qu’un an mais que cette saison 2004-05 avait été belle.
Les Trophées de la Saison 2004-05
M.V.P. Français : Stephen Brun (Brest) | Meilleur Marqueur : Mario Porter (Mulhouse) – 21.2 pts | |
M.V.P. Etranger : Tyson Patterson (Brest) | Meilleur Rebondeur : Zach Moss (Antibes) – 10.7 rb | |
Entraîneur de l’Année : Non attribué | Meilleur Passeur : Tyson Patterson (Brest) – 8.7 pd | |
Meilleur Jeune : Non attribué | Meilleur Contreur : Williams Soliman (Rouen) – 2.5 ctr |