Double champion de France en 1986 et 1987, l’Elan Béarnais prend un virage important au début des années 90. Le club quitte la petite ville d’Orthez (10 000 habitants) et sa célèbre Moutète pour emménager à Pau, la préfecture. « Entre vivre et mourir, j’ai choisi de vivre », justifie alors Pierre Seillant. Le 11 janvier 1991, l’Elan dispute son premier match au Palais des Sports et s’offre le scalp de Limoges devant 8 000 spectateurs. Quelques mois plus tard, l’aventure s’arrête en demi-finale des playoffs face à Antibes, futur champion de France face à Limoges.
Depuis quelques années, Limougeauds et Antibois ont pris le pouvoir dans l’hexagone. Le moment est venu pour l’Elan de renouveler son équipe. Trois figures historiques, Christian Ortéga, Jean-Luc Deganis et Paul Henderson quittent le club. Pour compléter son cinq de base constitué de Didier et Thierry Gadou, Mike Jones et Orlando Philipps, Pierre Seillant fait venir le meneur du CSP, Valéry Demory. Frédéric Domon, intérieur dur au mal, débarque de Nancy à l’étage inférieur. Deux ans après sa double rupture du tendon d’Achille, Howard Carter fait également son grand retour dans le Béarn… et se casse le fémur peu après son arrivée.
De fait, Michel Gomez dirige une équipe très courte en rotation – seulement 7 pros expérimentés – pendant la majeure partie de la saison. L’Elan n’a pas toutes ses armes et doit se contenter de la troisième place de la saison régulière, derrière Limoges et Cholet. Le 15 février, le CSP est venu s’imposer au Palais des Sports (73-70). « On sera plus fort avec Carter en plus pour les playoffs », annonce alors Pierre Seillant. Howard Carter revient le 29 février. Cinq semaines plus tard, l’arrière américain n’a pas encore retrouvé toutes ses sensations au moment de jouer le Tournoi des As à Dijon. En outre, l’Elan est privé de Fred Domon blessé au genou et Demory a un doigt fissuré. Pourtant cette équipe brinquebalante créé la surprise. Elle s’impose d’un souffle face à Cholet (80-79) après une interception de Demory conclue par Thierry Gadou en contre-attaque. « On avait tiré l’As de pique avec la blessure de Domon, on a sorti l’As de cœur ce soir pour gagner ce match », déclare Michel Gomez. Le lendemain, les Palois retrouvent leurs meilleurs ennemis limougeauds en finale – ces derniers sont invaincus depuis 19 matches. Et, comme l’année précédente, ils tombent le CSP. Pierre Seillant fait les comptes : « Sur sept finales de Coupe jouées dans l’histoire du club, nous en avons gagné six ! Aujourd’hui encore, Pau-Orthez a été une formidable équipe de Coupe, avec de formidables frères Gadou (24 points pour Didier, 14 pour Thierry. » Seillant jubile et dans le camp adverse, Stéphane Ostrowski s’agace : « Tout le monde s’accorde à dire que nous sommes les plus forts, je crois que c’est vrai, mais nous ne l’avons montré à aucun moment sur le terrain ! »
Les Béarnais ont fait le plein de confiance avant les playoffs. Pourtant, ceux-ci débutent de la plus mauvaise des manières. Pour son entrée en lice, Pau-Orthez se fait surprendre au Palais par un promu, la CRO Lyon (81-82). Les Lyonnais ont placé un 14-0 en fin de match et deux derniers lancers-francs du jeune Stéphane Risacher (20 ans) leur ont permis d’arracher la victoire. L’Elan ira rattraper sa boulette dans le Rhône (22 points de Carter) et remportera la belle.
Il faut encore réaliser deux exploits sur le chemin du titre. Le premier a lieu lors du match d’appui de la demi-finale à la Meilleraie de Cholet. Didier Gadou sort un grand match (20 points). Vincent Naulleau ne tremble pas sur la ligne dans les dernières secondes, au contraire d’Olivier Allinéï. L’Elan s’impose 85-82.
Reste le plus gros morceau. Limoges. Le CSP dispute sa sixième finale d’affilée. Dans son histoire, l’Elan a gagné une seule fois à Beaublanc, il y a six ans déjà en 1986. Le 9 mai 1992, les Béarnais réalisent le coup parfait. Les deux équipes sont à égalité dans les dernières secondes (74-74). Le jeune Frédéric Forte (22 ans) a le 1+1 de la victoire au bout des doigts. Il rate son lancer. L’ultime possession paloise revient à Mike Jones, qui fixe la défense limougeaude, trouve son compère Orlando Philipps dans un trou de souris. Stupeur à Beaublanc. Le CSP a perdu la main dans cette finale. Quelques jours plus tard, les Limougeauds seront cuits à l’étouffée dans la fournaise du Palais des Sports palois. 24 points à la mi-temps. 50 à l’arrivée. Didier Gadou, torse nu, est porté par une marée humaine. Le maire de Pau, André Labarrère, termine dans le jacuzzi. L’association entre l’Elan Béarnais et la ville de Pau est bien née.
Les faits marquants de la saison
En octobre 1991, le CSP Limoges affronte les Lakers de Magic Johnson à l’Open McDonald’s de Bercy. Les Limougeauds s’inclinent 132-101.
Richard Dacoury, Stéphane Ostrowski et Antoine Rigaudeau sont retenus dans la sélection All Star européenne qui affronte Cantu (Italie) le 12 septembre 1991 et l’équipe de France le 27 décembre 1991 à Bercy. A leurs côtés, Toni Kukoc, Zarko Paspalj, Dino Radja, Jure Zdovc, Oscar Schmidt, Walter Magnifico…
Antoine Rigaudeau est sacré MVP français pour la deuxième année d’affilée. Le meneur choletais n’a que 20 ans et a raté 1 mois et demi de compétition sur blessure.
Michael Brooks décroche le trophée de MVP étranger, devant Bill Jones (Montpellier), top-scoreur de N1A pour la 2e année de suite, et Mike Jones (Pau-Orthez).
En 1992, les deux premiers de la N1B sont invités à disputer les 8e de finale des playoffs avec les équipes classées de 5 à 10. Etrange formule.
Les Trophées de la Saison 1991-92
M.V.P. Français : Antoine Rigaudeau (Cholet) | Meilleur Marqueur : Bill Jones (Montpellier) – 24.8 pts | |
M.V.P. Etranger : Michael Brooks (Limoges) | Meilleur Rebondeur : Curtis Kitchen (Mulhouse) – 11 rbs | |
Entraîneur de l’Année : Alain Thinet (Roanne) | Meilleur Passeur : Antoine Rigaudeau (Cholet) – 6.8 pd | |
Meilleur Jeune : Antoine Rigaudeau (Cholet) | Meilleur Contreur : Curtis Kitchen (Mulhouse) – 2.0 ctr | |
Défenseur de l’année : Richard Dacoury (Limoges) |
Les autres Compétitions de la Saison 1991-92
Tournoi des As – Pau-Orthez
Les équipes classées 1 à 4 à l’issue de la saison régulière sont qualifiées pour une tournoi à élimination directe sur deux jours.
Demi-finales Finale |
La saison précédente, le Levallois Sporting Club était passé à un match de la montée. Il s’en était fallu d’une défaite à Roanne lors de la belle des barrages d’accession pour que le club cher à Patrick Balkany soit privé de N1A. Aussi, pour cette saison 1991-92, le club des Hauts-de-Seine, soutenu par la mairie de Levallois, met les petits plats dans les grands afin de décrocher le Saint-Graal.
Pour accompagner sa superstar, l’ultraspectaculaire Terence Stansbury – un ancien joueur NBA, qui participa à trois reprises au Slam Dunk Contest du All Star Game NBA et tourna à 30,3 points en 1991-92-, Levallois attire deux ex-internationaux, Patrick Cham et Christian Garnier, plus le meneur Eric Fleury, et une bonne bestiasse à l’intérieur, le pivot américain Phil Zevenbergen.
Ce cinq majeur hors concours écrase toute opposition. Seule l’Espé Châlons-en-Champagne réussit à coller un temps aux basques du leader, mais finit par décrocher. Levallois signe 20 victoires d’affilée et gagne son ticket pour la N1A à neuf journées de la fin. L’été suivant, le promu s’offrira rien moins que le double MVP de N1A, Michael Brooks (Limoges) et réussira à se qualifier directement en playoffs.
Les Trophées de la Saison 1991-92
M.V.P. Français : Non attribué | Meilleur Marqueur : Marcus Gaither (Chatou) – 33.9 pts | |
M.V.P. Etranger : Non attribué | Meilleur Rebondeur : Cedric Miller (Chatou) – 13.1 rb | |
Entraîneur de l’Année : Non attribué | Meilleur Passeur : Eric Fleury (Levallois) – 7.8 pd | |
Meilleur Jeune : Non attribué | Meilleur Contreur : Cedric Miller (Chatou) – 2.8 ctr |
Les autres Compétitions de la Saison 1990-91
Barrages Nationale 1A/Nationale 1B
Les équipes classées 13 et 14 de Nationale 1A et 3 à 8 de Nationale 1B à l’issue de la saison régulière sont qualifiées pour un Barrage sous forme de Playoffs à deux tours (Quarts de finale en aller-retour et demi-finales au meilleur des trois matches)
Demi-finales
Nantes (N1A) – Saint-Etienne (N1B) : 2-0 (*75-74 – 90-86)
Antibes (N1A) – Le Mans (N1B) : 2-0 (*89-86 – 98-80)
Nantes et Antibes se maintiennent en Nationale 1A