Le diamant brut

Un jeune devenu magicien. Shooteur hors pair, une rapidité balle en mains sans précédent et une vision de jeu inégalable, Pape-Philippe Amagou fut sans aucun doute l’un des plus beaux joyaux du Championnat de France.

Légende incontestée dans la Sarthe, Pape-Philippe a rayonné pendant 15 ans en PRO A et Jeep Élite. Une pérennité qui lui a permis de glaner 4 titres de Champions de France avec trois équipes différentes. Pape-Philippe est un exemple d’adaptabilité. Le parfait « combo-guard » démarre au Mans, issu du centre de formation, Pape-Philippe découvre très vite les parquets du plus haut niveau avec son club, mais le meneur est prêt depuis toujours. Pilier inconditionnel des sélections jeunes de l’Équipe de France, le mythique n°17 participe successivement aux Championnats d’Europe des moins de 16 ans en Lettonie avec une 5^e place aux dépens de la Grèce. L’ascension du natif de Maisons-Laffitte ne s’arrête pas là puisqu’il participera aux Championnats d’Europe des moins de 18 ans, Pape-Philippe partage le parquet avec T.J Parker, Yannick Bakolo et Johan Petro. Le meneur montre la marche à suivre en étant le meilleur marqueur français durant toutes les échéances avec une moyenne de 14,9 points.

Le grand saut dans l’Antarès

Le jeune Pape-Philippe connaît enfin la PRO A, lancé par Vincent Collet, dans la mythique salle de l’Antarès au Mans, le meneur de jeu entre dans un effectif complet lors de la saison 2002-2003. « Remplaçant de luxe » lors de sa première saison, ce statut ne sera que temporaire, tant le talent d’Amagou est immense. Le jeune meneur du Mans âgé de 17 ans, réalise des sorties de banc distinguées, notamment lors du derby Cholet – Le Mans. Le néo-professionnel est solide et rend une belle copie : 11 points, 2 rebonds et 2 passes décisives en 14 minutes, une performance qui aide le MSB à remporter ce match 96-80.
Amagou et ses coéquipiers arrachent une troisième place à l’issue d’une saison régulière plus que réussie, malheureusement les Manceaux tombent face au futur vice-champion de France, l’ASVEL. Pape sera élu meilleur espoir de PRO A à la fin de l’exercice 2002-2003, une prouesse qu’il récidivera la saison suivante. La saison suivante justement, sera sûrement l’une des plus belles pour Pape Amagou. Durant l’exercice 2003-2004, le numéro 17 remporte son premier titre avec le MSB. Les hommes de Vincent Collet s’adjugent la Coupe de France 2004.

Le diamant brut façonné au Mans brille enfin aux yeux de la France entière. À l’aube de la saison 2005-2006, l’effectif du Mans est toujours attendu, mais les deux revers lors des playoffs viennent éteindre tout rêve de sacre. Deux saisons au cours desquelles leurs parcours sportifs n’ont pas été récompensés à leur juste valeur. Cette fois, rien ne peut entraver le bonheur de Pape et de ses coéquipiers. Après le sacre de la Semaine des As face à Bourg-en-Bresse, l’ogre sarthois se défait de l’ASVEL, de Pau-Orthez, puis de Nancy. Le premier titre de Champion de France (et pas le dernier) pour Pape-Philippe Amagou. Après ce titre, le meneur disputera sa dernière année avant de quitter le club pour l’est de la France.

Ce n’est qu’un au revoir

La séparation est difficile entre le Manceau d’adoption et le club, Pape-Philippe ne quitte pas le championnat de France et décide de rejoindre le Grand Est et une équipe à fort potentiel et confirmée sur la scène nationale avec trois finales consécutives, le SLUC Nancy. Cyril Julian, Ricardo et Jeff Greer, Pape rejoint un effectif solide, prêt à batailler pour le titre. Durant la saison, le nouveau numéro 5 trouve très vite ses marques. Pape Amagou étale sa palette technique, un soir d’avril face à l’ASVEL : 15 points à 75% aux tirs, 6 passes et 22 d’évaluation. Le meneur assoit de plus en plus sa domination avec le SLUC et atteint une nouvelle fois la finale du Championnat de France. Les hommes de Jean-Luc Monschau prennent leur revanche face à Roanne et remportent le titre de Champion de France. Et de deux pour Pape Amagou, et ce n’est pas fini ! Malheureusement, côté européen, les six campagnes (Le Mans, SLUC Nancy) se sont avérées infructueuses, mais pleines d’expérience.
À l’âge de 23 ans, le jeune Amagou découvre un nouveau challenge et un nouveau championnat avec le club grec de Kavala BC. Il y retrouve une autre légende du Championnat de France, Alain Digbeu. Pape réalise une saison plus que convaincante avec de très belles performances individuelles, mais son cœur est au basket français, il revient donc en PRO A pour y revêtir la tunique de la Chorale de Roanne. Dans le même temps, il décrochera la médaille d’argent avec la sélection ivoirienne lors du championnat d’Afrique en 2009. Le meneur continue de remplir son armoire à trophées, et semble assoiffé de victoires.

Une soif de titres inépuisable

Pape est décrit comme un compétiteur hors pair qui dépasse ses limites à chaque match. Après un passage de trois saisons à Roanne entrecoupé d’une saison à Nancy, le spécialiste du « catch and shoot » rejoint le mythique club du CSP Limoges, avec un but : remporter un nouveau titre. Le All Star 2004, 2005, 2010 et 2012 veut conquérir les fans de Beaublanc et marquer son territoire d’entrée face à Rouen. Pape Philippe montre l’étendue de son talent et termine meilleur marqueur de la rencontre avec 18 points à 86% aux tirs, 3 passes et 20 d’évaluation.

Le Blésois d’origine, continue d’impressionner, toujours vêtu de son mythique numéro 17, le meneur de 30 ans apporte son expérience à un effectif inarrêtable. Le « back-to-back » est là. Beaublanc est plein à craquer, la ville verte explose pour sa deuxième année consécutive. L’Ivoirien, lui, remporte son troisième titre de Champion de France, le meilleur Espoir 2003 et 2004 n’est plus un espoir, mais une réelle confirmation. Le diamant brut qu’il était a su être façonné au fil des expériences et des coachs rencontrés, mais le polissage du diamant n’est pas encore fini, la domination d’Amagou non plus !

Manceau un jour, Manceau toujours !

Une belle histoire a toujours une belle fin. Pape-Philippe Amagou termine sa carrière dans la Sarthe, là où tout a commencé pour lui. Le Mans SB retrouve son porte-bonheur, et l’effet est immédiat. Aux côtés de Mickaël Gelabale, Petr Cornelie et Youssoupha Fall, Pape remporte la Coupe de France 2016. Si l’année 2016-2017 semble compliqué et loin des standards du MSB avec une douzième place, l’année suivante sera une année autant fabuleuse que désastreuse pour le meneur. En effet, le joueur du MSB est fortement touché au dos et est obligé de regagner le banc, mais ses coéquipiers et la marée orange d’Antarès poussent pour un nouveau titre.

Mené par une doublette Cobbs-Lofton et un Romeo Travis intenable, le Mans Sarthe Basket et la Roca Team de Monaco nous offre une finale d’anthologie. Auteur d’une campagne sensationnelle, le MSB se défait de l’ASVEL, puis de la SIG dans un match 5 de folie après prolongations. Pape-Philippe Amagou avait montré la voie lors du sacre de 2006, maintenant place aux jeunes. Présent sur la feuille de match durant les cinq rencontres, Pape assiste à des matchs intenses et physiques, mais il a confiance !
La famille sarthoise remporte ses deux matchs dans la forteresse de l’Antarès, avant d’arracher la victoire finale à Monaco sous les yeux du Prince Albert II. Pape-Philippe remporte son quatrième titre avant de prendre sa retraite et de se reconvertir dans la finance.

Toujours amoureux du basket, il devient le parrain de la formation du club de l’ADA Blois, son tout premier club. L’empreinte laissée par Pape-Philippe Amagou au sein du basket français est indéniable. Légende du MSB, son mythique numéro 17 est désormais élevé au plafond de la salle de l’Antarès. Aujourd’hui dans le milieu entrepreneurial avec son ex-coéquipier et ami, Alain Koffi, il complète ses activités avec des interventions en tant que consultant auprès de France 3 et de Skweek.