Michael Young
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Un gentleman plein de sang-froid
Bras armé du Limoges CSP au début des années 90, double MVP étranger en 1993 et 1994, Michael Young a été le cauchemar des défenseurs de France et d’Europe.
Un tir déclenché très haut derrière la tête dans une sorte de mouvement de balancier. Incontrable. Imparable. Létal. C’était le geste signature de Michael Young, reconnaissable entre tous. L’ailier gaucher avait le don de dégainer de n’importe quel endroit, au-dessus des bras des défenseurs. L’Américain était un danger ambulant. Le bras armé du grand Limoges sur la période 1992-95.
Dans le basket ultra-défensif et contrôlé de Božidar Maljković, Young était l’artilleur en bout de système. Le reste de l’équipe se mettait à son service. Il était le seul limougeaud à bénéficier de libertés en attaque. Il était le danger numéro un, l’homme à abattre, parfaitement identifié par les adversaires du CSP. Les meilleurs défenseurs de France et d’Europe se sont penchés sur le cas du flingueur texan. Rares sont ceux l’ayant empêché de cartonner.
Assassin silencieux sur le terrain, Michael Young était un bon père de famille, mûr, posé. Un gentleman imperméable à toute sorte de pression. « Je sais que je donne simplement tout ce que je peux, au mieux de mes capacités. C’est tout ce qu’un joueur peut faire », disait ce grand croyant. Young a fait beaucoup pour Limoges, et inversement. Car c’est au CSP qu’il a gagné tous ses trophées individuels et collectifs.
Le Texan a connu le gratin du basket universitaire. Il a joué trois Final Four NCAA d’affilée avec l’université de Houston aux côtés de Clyde Drexel, Hakeem Olajuwon, sans jamais décrocher le graal. Avant de poser ses valises à Limoges, il avait l’étiquette de fort scoreur de petites équipes, en Espagne puis en Italie – 34 points de moyenne à Reggio di Calabria en 90-91. Pendant l’été 89, il tape dans l’œil de Maljković lors d’une tournée de Jugoplastika Split en Espagne, inscrivant 35 points face aux champions d’Europe. Au moment de constituer son équipe en 1992, le Serbe fait de Young sa priorité, « peu importe le prix » précise-t-il à ses dirigeants.
1993, année magique
Pour son premier match en Pro A, Michael Young score 33 points à Levallois. La machine est lancée, sans préavis. Après dix journées, l’Américain tourne à 23 points par match, agrémentés de 7 rebonds et 3 passes. Il bouclera sa première saison à 19 points de moyenne, soit un quart des points de son équipe. Young est encore plus fort dans les grands rendez-vous. 32 points lors du deuxième match de la finale contre Pau. 27 points au match 4, synonyme de septième titre pour l’ogre limougeaud.
Que dire alors de sa campagne européenne ? 35 points contre le Maccabi, 31 et 30 contre Badalone, 27 face au Cibona. 30 points lors du quart de finale décisif face à l’Olympiakos. 20 points et 7 rebonds en demi-finale à Athènes contre le Real Madrid de Sabonis. Pour conclure, une deuxième mi-temps haut de gamme pour faire plier la Benetton Trevise en finale. Champion d’Europe, MVP du Final Four. Champion de France, MVP étranger. Young a tout raflé. Saison magique.
Le pistolero livrera un exercice du même acabit la saison suivante : MVP étranger à 19,4 points de moyenne, champion de France, deuxième meilleur marqueur de l’Euroleague avec 23,5 points derrière le Grec Nick Galis, une pointe à 47 points et 11 rebonds contre Trévise. À ceci près que l’aventure européenne du CSP s’arrêtera au stade des quarts de finale contre le Panathinaikos.
Young sera un peu moins régulier durant sa troisième saison à Limoges en raison d’une blessure tenace au pied. Mais encore suffisamment rayonnant pour régner sur le quart de finale d’Euroleague face à Pesaro (88 points en trois matchs) et emmener le CSP jusqu’au Final Four de Saragosse. En fin de saison, Young plante 31 points lors d’une victoire chez le leader antibois. Alors que l’assassin sévit à nouveau, il se déchire le ligament du genou à la fin du quart de finale contre l’ASVEL. C’est la fin brutale de sa belle histoire avec Limoges. La fin également des espoirs de triplé du CSP.
Young a alors 34 ans. Il travaillera dur pour retrouver le chemin des parquets. Il reviendra six mois après cette grave blessure, sous les couleurs de la CRO Lyon, mais rechutera, blessé à l’autre genou après seulement trois matchs. « Michael Young est l’un des meilleurs hommes et basketteurs que j’ai coachés dans ma carrière », dira Bozidar Maljković. « Quand il mettait les pieds dans la moitié de terrain adverse, il était déjà une menace. »