Laurent Sciarra
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Huit fois meilleur passeur du championnat, Laurent Sciarra était un meneur au fort tempérament. Un leader né.
Meilleur marqueur d’une finale olympique face aux États-Unis, voilà qui vous classe un joueur. Laurent Sciarra a réalisé cette performance historique lors des JO de Sydney en 2000 pour clore sa deuxième semaine fantastique. L’espace de quelques jours, le meneur est « in the zone », ne touche plus terre, voit les cercles comme des bassines. Il est l’improbable joker offensif des Bleus. Improbable car la spécialité de Sciarra, son cœur de métier, a toujours été de faire briller les autres. C’est pourquoi Sydney restera une sorte de parenthèse enchantée dans la carrière de ce leader né.
Chef de meute, Sciarra l’était déjà chez les juniors, champions d’Europe à Budapest en 1992. À 19 ans, il donne de la voix, dicte le bon tempo aux Laurent Foirest, Cyril Julian, Franck Mériguet, Olivier Saint-Jean. Sa maturité est bluffante. Il faut dire que le Niçois a vécu un apprentissage accéléré à Hyères. Depuis l’âge de 16 ans, il joue au milieu des hommes. Au sortir de l’Euro junior, la saison 1992-93 est celle de la révélation. Sciarra finit deuxième au vote du MVP français de Pro B derrière un certain Moustapha Sonko.
Sa carrière est lancée.
On découvre alors le caractère bien trempé du garçon. Pour avoir signé au Racing PSG sans l’accord de son club, il est privé de bon de sortie. Sciarra tient tête au HTV. Il passera sa première saison dans la capitale sans jouer une seule minute. Son entrée en Pro A n’en sera que plus fracassante. Le jeune floor general délivre les caviars à la louche. Quatorze offrandes pour son quatrième match en Pro A. Dix-neuf prestations à plus de 10 passes durant sa première saison parisienne. Ses camarades, Bonato, Risacher et consorts, se régalent. Le rookie finit meilleur passeur du championnat (9,4) et remet ça la saison suivante (9,2).
Un record à 22 passes
Le 12 janvier 1996, il marque définitivement les esprits en signant 22 passes face au Mans. La quatrième meilleure performance de l’histoire de la LNB. Sciarra voit les situations avant tout le monde. Son geste signature ? Les passes puissantes à deux mains au-dessus de la tête. En 1996-97, il emmène la talentueuse équipe parisienne – J.R. Reid, Eric Struelens, Richard Dacoury, Stéphane Risacher… – jusqu’au titre.
Paris est le fil rouge de sa carrière. Sciarra reviendra deux fois dans le club de la capitale, au sortir d’expériences mitigées à l’étranger (Huelva, Trévise, Panionios). C’est ici qu’il mènera la vie dure au rookie Tony Parker lors de l’exercice 99-00. Ici encore qu’il sera à nouveau top passeur en 2003 et 2004, sous les ordres de Jacques Monclar.
Huit fois meilleur passeur de Pro A en quinze saisons, « Lolo » Sciarra a disputé deux nouvelles finales de playoffs, perdues avec l’ASVEL en 2001 et Orléans en 2009. Il peut en outre s’enorgueillir d’avoir offert au BCM Gravelines-Dunkerque le premier trophée de son histoire, la Coupe de France en 2005 – élu MVP français cette année-là – et d’avoir remporté deux autres Coupes de France avec Dijon (2006) et Orléans (2010).
En équipe de France, Sciarra a longtemps joué les compléments derrière Antoine Rigaudeau et Moustapha Sonko, deux « intouchables » de son propre aveu, jusqu’à son coup de chaud à Sydney, où il devint le facteur X des bleus en profitant de la blessure de Sonko. Aucun point inscrit lors des trois premiers matchs, puis 17 contre l’Italie, 21 contre les USA en poule, 17 face au Canada en quarts, 16 face à l’Australie en demi, 19 en finale. Pour son dernier match international en 2003, juste avant de laisser son fauteuil de meneur au nouveau boss, Tony Parker, il inscrira 23 points. Histoire de tordre le cou une dernière fois aux idées reçues et de démontrer que Sciarra le passeur avait d’autres cordes à son arc.