Keith Jennings
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Micro-meneur, immense joueur
Exceptionnel, Keith Jennings ne l’était pas simplement en raison de sa taille (1,70 m). Le lutin américain, MVP étranger en 1999, était une académie de jeu.
Les meneurs de petite taille n’ont pas leur place en NBA, ou si peu. Dans l’histoire, à peine une douzaine de joueurs de moins d’1,75 m ont réussi à s’y frayer une place. Keith Jennings, 1,70 m sous la toise, est l’un d’eux. L’Américain a joué 164 matchs avec les Golden State Warriors de 1992 à 1995, bénéficiant de vraies responsabilités en tant que doublure de Tim Hardaway et Avery Johnson (6,6 points et 3,7 passes en 18 minutes). Le coach des Warriors, Don Nelson, louait sa qualité de tir et sa capacité à élever le tempo en perdant peu de ballons. S’il ne s’était blessé aux deux genoux, l’impact de Jennings aurait été supérieur dans la ligue. Cela en dit long sur la valeur pure du basketteur.
Keith Jennings était un joueur fascinant, doté de fondamentaux parfaits et d’un mental en acier trempé. L’Américain donnait l’impression de maîtriser parfaitement sa technique en toute situation. Sa maîtrise des espaces, du tir et sa vitesse d’exécution lui permettaient de shooter sur le nez de défenseurs bien plus grands et costauds que lui. Rares sont les intérieurs qui ont réussi à contrer le micro-meneur au cours de ses six années dans notre championnat.
Son histoire en France commence en 1997 quand Alain Weisz choisit de lui confier les rênes du MSB. Il est à son arrivée dans la Sarthe le plus petit joueur étranger jamais vu en championnat de France. Le coach est conscient du risque mais se fie aux commentaires élogieux de son intérieur, Josh Grant, ancien coéquipier de Jennings chez les Warriors. Jennings relève alors d’une blessure au genou. Durant sa remise en jambe, ses performances vont aller crescendo.
La copie parfaite
Le 27 janvier 1998, il livre un récital inoubliable lors d’un déplacement au PSG Racing. 23 points à 100%, 7 rebonds, 8 passes, aucune balle perdue, 39 d’évaluation. Zéro déchet en 39 minutes de jeu. La copie parfaite dont rêve tout basketteur, et une victoire de référence (72-49) chez le champion en titre. Il boucle son premier opus avec la neuvième meilleure évaluation de Pro A. Bilan remarquable, mais le meilleur est à venir.
Tous les curseurs vont grimper dans sa deuxième saison au MSB. Seize matchs à plus de 20 points, des pointes à 35 d’évaluation contre Pau, 42 contre Limoges, des pourcentages démoniaques pour un meneur. Celui que les supporters manceaux ont surnommé « Mister » termine meilleur marqueur de Pro A (19,4), numéro un à l’évaluation (22,8), deuxième passeur et intercepteur. Il est élu MVP étranger en ayant récolté deux tiers des suffrages. Surtout, il emmène le MSB en demi-finale – une grande première pour le club sarthois dans l’ère LNB – après une performance majuscule face à Cholet.
Keith Jennings est au sommet de son art. Sa cote explose. L’ASVEL voit en lui le successeur de Delaney Rudd et veut s’attacher ses services mais le grand Real Madrid rafle la mise. L’aventure va tourner court chez les Madrilènes de Sergio Scariolo. Après de courts crochets au Fenerbahçe puis au Spartak Saint Petersbourg, Jennings signe à Strasbourg en décembre 2000. « Mister » n’a rien perdu de sa magie. Il sublime son équipe. La SIG devient une machine à gagner, dix-huit victoires en dix-neuf matchs. Dans son sillage, l’équipe alsacienne atteindra les demi-finales.
Jennings sera moins rayonnant par la suite, d’abord au SLUC Nancy puis de nouveau à Strasbourg, où il retrouve Alain Weisz en 2003-04 et termine sa carrière. Le lutin américain a 35 ans. Il n’est plus le joueur dominant des années mancelles. Néanmoins, il bouclera la boucle avec panache : 39 points et 8 passes en deux matchs de quart de finale contre Pau-Orthez, futur champion de France. S’il n’a jamais soulevé le moindre trophée collectif, Keith Jennings aura laissé l’image d’un parfait gentleman et d’un basketteur exceptionnel à tous points de vue. Micro-meneur, immense joueur.