Antoine Rigaudeau
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Le gamin devenu Roi
Antoine Rigaudeau a dominé le championnat de France dans les années 90 à Cholet puis à Pau avant de s’attaquer au gratin européen. À Bologne, il est devenu le Roi.
« Vas-y gamin ! » Lors de son intronisation au Hall of Fame de la FIBA en septembre 2015, Antoine Rigaudeau s’est souvenu de ces quelques mots de Jean Galle décédé en septembre 2023, près de 30 ans auparavant. Car c’est ainsi que tout a commencé pour celui qui allait devenir le Roi et l’un des meilleurs basketteurs français de l’histoire.
Le 17 novembre 1987, les Choletais se déplacent au Palais des Sports de Caen. Son meneur titulaire, Valéry Demory, handicapé par les fautes, Jean Galle lance Rigaudeau dans le grand bain. Rigaudeau, Choletais pur jus, n’a pas encore 16 ans et pas vraiment le physique de l’emploi à ce poste. Il est jugé trop grand – près de 2 mètres – trop léger, trop lent pour tenir les petits dragsters. Rigaudeau fera taire les sceptiques après deux années d’apprentissage dans l’ombre de Demory.
Avant d’en arriver là, le jeune fait ses gammes, où ? Dans son club de toujours bien sûr, le Cholet Basket. L’enfant du pays fait ses classes et démontre son talent aux yeux des Maugeois. Arrivé au CB à l’âge de sept ans, le « Futur Roi » monte très vite les échelons et commence petit à petit à remplir son armoire à trophées. Coupe de France Cadets 87, Champion de France Espoirs 88 et 89, vainqueur du Trophée du Futur 89. Antoine Rigaudeau ne laisse aucune miette à ses adversaires. La différence est trop grande, Antoine doit sauter dans le grand bain !
Promu titulaire en 1989-90, il est élu meilleur espoir du championnat, puis MVP français l’année suivante. Le surdoué de 19 ans tourne déjà à près de 15 points, 7 passes et 50% de réussite de loin. À son adresse hors norme, Rigaudeau ajoute un talent inné pour lire et éclaircir le jeu. Il va rester fidèle à son club formateur jusqu’en 1995, récoltant quatre trophées consécutifs de MVP français.
Son talent dépasse le cadre du championnat de France. Avant même d’avoir fêté ses 20 ans, il bouscule la hiérarchie en Equipe de France et se montre performant à l’Eurobasket 1991. En Coupe d’Europe, le meneur à la tête penchée livre quelques copies mémorables. 33 points contre Saragosse à 20 ans, 45 points à 10 sur 11 à trois-points et 53 d’évaluation contre l’Hapoel Galil Elyon lors de la saison 1993-94. La même année, il cumule 84 points en trois matchs en demi-finale contre Vitoria. Rigaudeau est de la race des plus grands. Un joyau devenu trop brillant pour Cholet Basket.
Le leader de la french team
C’est à Pau-Orthez qu’il va étancher sa soif de titres et grandir encore. Pierre Seillant ne regrettera pas un seul instant les 4 millions de francs de transfert déboursés à Cholet pour s’offrir le meneur international. Sa première saison dans le Béarn est magistrale, tant collectivement (27 victoires – 3 défaites, le titre de champion de France) qu’individuellement (18,2 points à 56%, MVP français).
Rigaudeau est un leader exemplaire, aussi fort que les meilleurs étrangers d’Europe. Un leader capable de planter une trentaine de points dans les salles les plus chaudes du Vieux Continent. Un soir de novembre 1995, il porte son équipe vers une victoire de prestige chez la Virtus Bologne, après avoir inscrit l’intégralité des 16 points béarnais en prolongation. Cette année-là, la French Team paloise se hisse jusqu’en quart de finale de l’Euroligue avec un Rigaudeau à 21,6 points par match.
On ne refera pas l’histoire mais Antoine Rigaudeau aurait sans doute pu décrocher un deuxième titre de champion de France avec Pau s’il ne s’était blessé au coude. Le 11 janvier 1997, il dispute face à Limoges le dernier match de sa carrière en France. L’Europe s’offre à lui. Pendant six ans, il fera le bonheur de la Virtus Bologne.
C’est à Basket City qu’il va devenir le Roi Rigaudeau, remporter deux fois l’Euroligue, aux côtés de Pedrag Danilovic (1998) puis Emanuel Ginobili (2001), sous les ordres d’Ettore Messina et asseoir définitivement son statut de star européenne. En 2000, Rigaudeau est au sommet de son art lorsqu’il emmène l’équipe de France en finale des JO de Sydney face aux Américains (défaite 85-75). Cinq ans plus tard, le Roi sortira de sa retraite internationale pour une dernière danse à l’Euro 2005 aux côtés de la génération Tony Parker – Boris Diaw. Une dernière compétition façon montagnes russes, avec l’exploit de Novi Sad face aux Serbes, la terrible désillusion face à la Grèce de Diamantidis et la réaction d’orgueil face aux Espagnols pour conquérir le bronze. Ce premier podium européen des Bleus depuis 46 ans a initié les belles années de l’équipe de France. L’héritage du Roi.