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Distinctions
Satanées finales
Les échecs répétés en finale de 2013 à 2017 ne doivent pas occulter la remarquable ascension de la SIG Strasbourg lors des dix dernières années.
23 juin 2017. Frank Ntilikina rejoint ses coéquipiers à quelques heures de l’Épilogue de la finale à Chalon. La SIG a affrété un jet privé afin que son jeune meneur fasse l’aller-retour express entre la France et New York, lieu de la draft NBA, en plein cœur de la finale. Il s’agit de se donner toutes les chances d’être champion de France, après quatre échecs. Dans la soirée, l’équipe s’inclinera 74-65. C’est une nouvelle désillusion. La cinquième finale perdue en cinq ans.
Cette incapacité à conclure colle à la peau du club strasbourgeois. La SIG est devenue une place forte de l’élite et s’est bâti un joli palmarès au cours du bail de Vincent Collet : deux fois premier de la saison régulière, double vainqueur de la Coupe de France, double vainqueur de la Leaders Cup, finaliste de l’Eurocup face à Galatasaray (2016). Mais l’équipe a toujours buté sur la dernière marche des Playoffs. Une grande frustration pour le président Martial Bellon et son équipe, qui ont beaucoup œuvré pour élever la SIG dans la hiérarchie.
Longtemps, le club de la capitale européenne a composé avec des budgets de bas ou milieu de tableau. La SIG est née en 1989 de l’union de deux clubs strasbourgeois. Cinq premières années d’existence dans l’antichambre et en 1994, l’équipe de Mark Stevenson, Cédric Ball, Olivier Weissler et Bruno Hamm se défait du SCM Le Mans en barrage et monte en Pro A. Le Hall Tivoli est le théâtre de derbys mémorables contre Mulhouse et Nancy. En Pro A, le club va migrer au Rhénus, un hall d’exposition aménagé en salle de basket. Le budget est serré, le maintien compliqué. Le club repassera par la case Pro B lors de la saison 1998-99. Un aller-retour express comme un nouveau départ.
L’année suivante, le promu termine cinquième et demi-finaliste. Le coaching de Christophe Vitoux, la science de Fred Forte, la classe du scoreur US John White y sont pour quelque chose. Le Rhénus fait le plein. Le budget augmente sensiblement. Les joueurs référencés se succèdent en Alsace avec plus ou moins de réussite – Brian Howard, Keith Jennings, JR Reid, Kornel David, Khalid El-Amin, Hughes Occansey – jusqu’au crash de 2003. Bonne dernière, la SIG est sauvée des eaux par le passage de l’élite à 18 clubs. Un soulagement juste avant l’inauguration du nouveau Rhénus de 6 000 places.
Avec Alain Weisz à sa tête, la SIG va retrouver son rang dans le Top 8. Avec Éric Girard, elle va réaliser l’impensable. C’est l’année du « gang of New York », les frères Greer, John Mc Cord, Sharif Fajardo, tous issus de Big Apple. C’est l’année d’une formule de playoffs propice aux surprises. Chaque tour se joue au meilleur des deux matchs et la finale sur un match sec à Bercy. Les Strasbourgeois éliminent Pau en quarts, l’ASVEL en demi, retournent Nancy en finale derrière les flèches de Jeff Greer et Afik Nissim, et sont sacrés champions de France. Une grande première… et une dernière à ce jour. C’est toute l’ironie de l’histoire du club alsacien. La SIG a été championne quand personne ne l’attendait et inversement.
On en revient à cette incapacité récurrente à conclure. En 2013, première désillusion, l’équipe se crashe face à Nanterre (1-3) après avoir dominé son adversaire de 34 points au match 1. 2014 ? Les deux défaites d’entrée au Rhénus ne pardonnent pas. C’est le sweep face à Limoges (0-3). 2015 ? La SIG tombe sur un os nommé Pooh Jeter et chute à nouveau face au CSP (1-3). La finale perdue contre l’ASVEL en 2016 sera encore plus amère car concédée lors de l’Épilogue au Rhénus. Parti quelques mois pour mieux revenir, Vincent Collet emmènera à nouveau son équipe en finale. Avec l’épilogue que l’on sait au Colisée. Il s’en faudra de peu pour rallier une sixième finale en 2018 – un festival longue distance du Manceau Chris Lofton. Meilleur club français sur la période 2012-2018, la SIG n’a jamais été récompensée de sa constance au top niveau. Une blessure pour Vincent Collet, remercié en janvier 2020 et pour ses joueurs les plus fidèles, Louis Campbell, Paul Lacombe, Jérémy Leloup, Axel Toupane, Matt Howard…
Il a fallu digérer autant de déconvenues. Puis le club a entamé un nouveau cycle vertueux avec deux nouveaux hommes forts, le talentueux entraîneur finlandais Lassi Tuovi, le directeur sportif italien Nicola Alberani, mais aussi une équipe de battants et de cols bleus. La nouvelle identité affichée par la SIG depuis 2020 a produit des résultats probants (3e du championnat et demi-finaliste de la Basketball Champions League en 2021). En attendant le titre ? Le futur Crédit Mutuel Forum, enceinte de 8 500 places à l’horizon 2024, doit permettre de franchir un nouveau cap budgétaire. La SIG n’a pas dit son dernier mot.