Un outsider chargé d’histoire

Comment un bastion historique revenu sur le devant de la scène dans les années 2000 a réalisé l’un des plus fameux exploits de l’histoire du basket français.

Comment devenir champion de France avec le douzième budget de l’élite ? Il faut demander la recette à Jean-Denys Choulet. L’entraîneur et grand architecte de la Chorale a réussi cet exploit en 2007 après avoir assemblé l’une des formations les plus excitantes de toute l’histoire de la LNB. Un basket total, ultra-spectaculaire, une attaque de feu portée par les trois meilleurs scoreurs du championnat ( !), Dee Spencer, Aaron Harper et Mark Salyers. Et deux trophées à l’arrivée, la Semaine des As puis le titre de champion de France, décrochés au nez et à la barbe des puissants.

Les fondations et la culture basket sont solides dans cette ville de la Loire de 40 000 habitants et dans tout le département. Championne de France en 1959, la Chorale fut de la quasi-totalité des éditions de la Nationale 1 des années 50 jusqu’au milieu des années 70. C’est ici, dans sa ville natale, que le prodige Alain Gilles débuta chez les séniors à 15 ans. Gilles, un génie du jeu, probablement dans le top 3 des meilleurs basketteurs français de l’histoire en compagnie d’Antoine Rigaudeau et Tony Parker.

Deux ans après la création de la LNB, la Chorale accède de nouveau à l’élite. Christophe Grégoire et l’Américain Terry Stotts (oui, le coach NBA) sont les deux meilleurs scoreurs de cette équipe entraînée par Alain Thinet. Quatre années plus tard et un passage remarqué de l’ailier US Fennis Dembo, c’est la descente. La Chorale n’est pas armée économiquement pour le plus haut niveau. Elle s’embourbe dans les profondeurs de l’antichambre.

Le coup de fouet salvateur survient en 2000. Un coup de fouet nommé Jean-Denys Choulet. L’ex-entraîneur du BCM Gravelines démontre ses talents de recruteur. L’équipe est électrique (Jimmal Ball, Laurent Cazalon, Scott Forbes…). La vieille Halle Vacheresse retrouve le feu sacré. La Chorale rallie la finale des playoffs en 2001 et monte l’année suivante.

Le deuxième temps fort survient en 2005 après l’arrivée de trois pépites à petit prix, Dewarick Spencer, Aaron Harper et Mike Bauer. L’équipe décolle au classement. Le renfort du charismatique Marc Salyers – belle gueule, fort scoreur – fera le reste. C’est une déflagration sur la Pro A. David pulvérise les Goliaths. La petite ville de la Loire rejoint les puissants d’Euroleague – les matchs à domicile étant délocalisés à Clermont-Ferrand. En coulisse, le président et premier partenaire du club, Emmanuel Brochot travaille dur pour développer le budget. La Chorale s’incruste en haut du classement, s’offre une deuxième finale à Bercy en 2008 puis un Final Four d’EuroChallenge en 2010. À l’été 2011, la Halle Vacheresse est rénovée, agrandie à 5 000 places. Cette parenthèse enchantée va se refermer sèchement après les départs de Jean-Denys Choulet puis d’Emmanuel Brochot. La Chorale retrouve l’antichambre en 2014.

Mais on ne balaie pas 60 ans de culture basket d’un revers de la main. Les cendres sont encore chaudes. Remis à flot financièrement, le club ne tarde pas à se relancer. Laurent Pluvy et ses hommes de base, Mathis Keita, David Jackson, Clément Cavallo, Jason Williams, Robert Nyakundi, Alexis Tanghe, font vibrer à nouveau la Halle Vacheresse. En 2019, la vénérable maison roannaise fait son grand retour dans l’élite. Un an plus tard, le tandem Choulet-Brochot revient aux affaires. Il n’est plus question de concurrencer économiquement les puissants. Mais après tout, ce rôle d’outsider colle si bien à ce club chargé d’histoire, à cette petite ville pleine de passion pour la balle orange. Les exploits n’en sont que plus beaux. Souvenez-vous de 2007.