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Distinctions
L’extraordinaire histoire d’un club ordinaire
L’ascension d’un petit club familial jusqu’au plus haut niveau français, et même jusque sur le toit de l’Europe, ressemble à un scénario de film. Mais c’est une histoire vraie. Celle de Nanterre 92.
Cette fois, c’est trop : Jean Donnadieu passe un coup de balai. En 1987, le président du petit club de Nanterre dissout l’équipe première, qui ne respecte pas les valeurs familiales prônées par le dirigeant. Il repart d’une page blanche, saine, accompagné d’une équipe de bénévoles. Les voici au plus bas niveau départemental. Qu’importe, Nanterre n’a alors aucune ambition démesurée. Atteindre un jour l’élite ? Même pas en rêve ! Mais immédiatement, sous la conduite du coach Pascal Donnadieu, le fils du président, cette équipe qui séduit par son jeu offensif se met à gagner. Beaucoup. Les victoires se transforment en montées. En quinze ans, le club gravit dix étages. Il atteint la Pro B en 2005, la Pro A en 2011. Et l’ascension, déjà ébouriffante, n’est pas terminée.
Dès sa deuxième saison dans l’élite, la JSFN (Jeunesse Sportive des Fontenelles de Nanterre) s’invite en playoffs, qualifiée in extremis, en 8e position. Elle qui, sur le papier, ne représente qu’un amuse-bouche pour les candidats au titre, va signer des phases finales entrées dans la légende. En quart, Nanterre scalpe Gravelines-Dunkerque, leader autoritaire de la saison régulière. En demi, c’est le champion en titre, Chalon-sur-Saône, qui se prend la marée verte de plein fouet. Et en finale, celle-ci déferle sur le Strasbourg d’Alexis Ajinça et des frères Greer (Ricardo et Jeff). Nanterre champion de France 2013 : la plus grande surprise de l’histoire de la LNB.
Le record d’affluence
Ce titre aurait pu être accueilli comme un aboutissement pour la famille Donnadieu. Celle-ci, qui n’avait jamais imaginé un tel scénario, a préféré le célébrer comme la démonstration que des valeurs humaines peuvent encore servir de piliers même à l’ère du sport-business. Nanterre était devenu roi de France, mais n’avait pas foncièrement changé, si ce n’est dans le regard des autres.
Par la suite, le club, en allant gagner à Barcelone lors de la campagne d’Euroleague et en remportant la Coupe de France dès la saison suivante, en 2014, a prouvé que son succès n’était pas un feu de paille. Puis il a même scellé sa légitimité sur la scène continentale en soulevant deux coupes d’Europe (l’EuroChallenge 2015 et la FIBA Europe Cup 2017).
Cette success story a permis d’accélérer la structuration du club. Le Palais des Sports Maurice-Thorez a doublé sa capacité, pour atteindre 3 000 places, et Nanterre 92 a carrément battu le record d’affluence pour un match du championnat de France : le 11 mars 2018, lors de la victoire face à l’ASVEL, ils étaient 15 220 spectateurs dans les tribunes de la U Arena, où l’équipe francilienne s’était délocalisée, preuve de son immense popularité.
En 2021, Jean Donnadieu a quitté la présidence, laissée entre les mains d’un homme qui est, lui aussi, un enfant du club, tout aussi attaché à son histoire. Prénom : Frédéric. Nom : Donnadieu. Le fils de Jean, le frère de Pascal. Ce dernier, depuis ses débuts en 1987, n’a pas quitté sa place sur banc, malgré les sollicitations extérieures. Et l’histoire de se poursuivre : celle d’un club devenu une place forte de l’élite, sans jamais travestir son identité.