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Distinctions
La tornade monégasque
Le club de la Principauté a opéré un retour retentissant dans l’élite et tutoie le gotha européen. Rien ne semble pouvoir arrêter la tornade AS Monaco.
Mike James en championnat de France ? Même pas en rêve ! Le meneur US fait partie d’une caste inaccessible, celle des stars réservées aux prestigieuses maisons du vieux continent, CSKA, Real, Barça, Efes, Milan. Impossible pour un club français de rivaliser et terme de standing et de proposition salariale. C’est pourquoi, en ce 17 septembre 2021, l’annonce de l’arrivée de James à Monaco fait l’effet d’une bombe.
La signature du deuxième meilleur scoreur de l’Euroleague est un sacré coup de projecteur pour la Betclic Élite et un tour de force pour le club de la Principauté. C’est la preuve que les dirigeants monégasques sont capables de tout, même de l’impossible, pour parvenir à leurs fins. Monaco, c’est l’histoire d’une ascension fulgurante, inédite dans l’histoire du basket français. « L’évolution du club est juste extraordinaire », souligne Yakuba Ouattara, l’un des visages de la Roca Team depuis 2015. « Être capable en si peu d’années d’arriver à un tel niveau, c’est grand. »
L’AS Monaco n’est pas un club champignon, sorti de nulle part. La section basket date de 1928 et le club fut vice-champion de France de Nationale 1 en 1950. Dans les années 70 et 80, le club du Rocher fréquente le plus haut niveau. En 1987-88, l’équipe du magicien Robert Smith, l’homme au 99/100 aux lancers-francs sur une saison, des internationaux Billy Joe Williams, Jean-Aimé Toupane, Philip Szanyiel talonne l’intouchable CSP en 1987-88. Une aventure sans lendemain puisque Monaco quittera le giron professionnel en 1991.
Vingt ans plus tard, l’équipe accède à la Nationale 1. Tout s’accélère dès l’arrivée de Sergei Dyadechko, le nouveau président. Car le riche homme d’affaires ukrainien est dingue de basket, nourrit de grandes ambitions et investit en conséquence. Le résultat est immédiat. Deux montées consécutives en deux ans. En 2015, le bolide monégasque déboule en Pro A, remporte la Leaders Cup et, performance inédite, termine premier du championnat !
Seule l’ASVEL parviendra à dompter l’impétueux promu, en demi-finale des playoffs. En 2016-17, le bolide devient rouleau compresseur. Dee Bost, Zack Wright, Nike Caner-Medley, Brandon Davies… On parle alors de l’un des plus beaux effectifs de l’histoire du championnat de France. L’ASM survole le championnat – trente victoires, quatre défaites -, se hisse jusqu’en demi-finale de la Basketball Champions League… puis chute face à l’ASVEL en quart de finale. La rivalité entre les deux clubs est installée.
Sitôt arrivée, la Roca Team tutoie l’excellence. Elle remporte trois Leaders Cup, finit trois fois première de la saison régulière. Bien, mais pas encore suffisant pour ses dirigeants. Les Monégasques visent un trophée majeur. Celui-ci se refuse à eux en finale de la BCL disputée dans l’antre surchauffée de l’AEK Athènes, puis en finale des Playoffs 2018, perdue dans les derniers instants du match 5 face au Mans. Le club connaît la même désillusion en 2019, à l’Astroballe, théâtre de l’Épilogue de la finale. Ces échecs à répétition ne feront que renforcer l’appétit vorace du prédateur monégasque.
Le retour de Zvezdan Mitrovic en 2020 va déboucher sur un succès retentissant. La Roca Team remporte l’EuroCup en 2021 – c’est une première en « C2 » pour un club du championnat de France depuis la Coupe Saporta de Limoges en 1988 – et gagne son billet pour l’Euroleague. Une nouvelle étape est franchie. Le club de la Principauté fait désormais partie du gratin européen. Et va se donner les moyens d’y rester. Grâce au renfort d’un puissant investisseur, Aleksej Fedoricsev, les joueurs référencés affluent au pied du Rocher, Mike James mais aussi Will Thomas, Donatas Motiejunas, Dwayne Bacon.
Une fois encore, le promu aux dents longues va bousculer l’ordre établi. La Roca devient une machine de guerre sur la phase retour (13 victoires en 15 matchs !). En quart de finale, elle poussera l’Olympiakos dans ses derniers retranchements au Pirée. Le Final Four de l’Euroleague, cette terre inconnue, inaccessible depuis la belle aventure de l’ASVEL en 1997, n’était qu’à quelques minutes. Ébouriffant.
Les Monégasques auront lâché beaucoup de gomme dans cette campagne européenne. Quelques semaines plus tard, ils seront à nouveau vaincus dans l’Épilogue des Playoffs sur le parquet de l’ASVEL. Le nouveau géant du basket français est toujours en quête d’un premier titre de champion de France qui validerait son ascension exceptionnelle. Ce n’est sans doute qu’une question de temps. Une chose est sûre, on ne parle plus seulement de Monaco pour son Prince Albert, son Grand Prix de Formule 1 et son équipe de football. La Roca Team fait partie du paysage sportif européen.