Figure de l’AS Berck dans les années 1970, Jean Galle va cependant marquer un autre club à la fin des années 1980, au commencement de la LNB. L’arrivée de Jean Galle au Cholet Basket coïncide en effet avec les débuts de la ligue.
L’aîné des frères Galle prend ainsi les rênes de l’équipe choletaise à l’été 1987. Le Nordiste qui cumulait les fonctions de sélectionneur des Bleus et de coach de la JA Vichy, sort d’une saison très moyenne avec le club auvergnat terminée à la 11e et avant-dernière place de la Nationale 1A. C’est lors d’un scouting du Cholet Basket, futur adversaire de son équipe, que le Calaisien est approché par le président choletais, Michel Léger. Convaincu par le projet sportif du club des Mauges à l’aube de la nouvelle ère pour le basket français, Jean Galle débarque donc à Cholet pour la saison 1987-1988. Cette année-là, les Blancs et Rouges se renforcent notamment avec l’arrivée de Valery Demory et d’une vieille connaissance du coach Galle, Didier Dobbels. A 34 ans, le natif de Tourcoing retrouve le coach qu’il avait connu à ses débuts à Berck et endosse le rôle de mentor de l’effectif choletais. La paire US est aussi de très bonne facture puisque Graylin Warner arrivé en cours de saison précédente reste au club. Il est alors associé au californien Kenny Austin qui arrive de Turquie. Sur le banc du CB, on retrouve aussi deux jeunes espoirs du basket français qui feront bientôt parler d’eux, Jim Bilba (20 ans) et Antoine Rigaudeau (17 ans).
Meilleur entraîneur du championnat
Pour l’heure, Jean Galle réussit son entrée sur la scène de la LNB. Bien emmené par Graylin Warner (25,4 points de moyenne), bientôt surnommé le lévrier des Mauges, Cholet termine la saison régulière à la 3e place avec un bilan de 21 victoires pour 9 défaites. En Playoffs, l’ASVEL est facilement écarté 2 manches à 0 en quarts mais les hommes de Galle se font peur en demi contre Nantes en perdant la première manche (75-78). Finalement, Cholet se qualifie 2-1 et rejoint en finale le CSP Limoges. Le Cercle Saint-Pierre ne tremble pas et s’adjuge son quatrième titre, 2 manches à 0. Quelques jours plus tard, bis repetita en finale du Tournoi des As, lointain ancêtre de la Leaders Cup. Cholet échoue une nouvelle fois en finale contre le CSP (88-85). Pour cette première saison LNB, Jean Galle, malgré les deux défaites en finale, est distingué par le titre de meilleur entraîneur de la saison. La belle histoire du Nordiste avec les Mauges peut continuer.
Cholet dans les premiers rôles de Nationale 1A
La deuxième saison de Jean Galle à la tête du Cholet Basket est du même acabit. Cholet termine 2e de la saison régulière derrière Limoges et juste devant Orthez. En Playoffs, ce sont bien les Orthéziens qui filent en finale pour rejoindre le CSP pour un énième épisode du grand duel du championnat de France du tournant des années 1980-1990. Après avoir disposé de Saint-Quentin en quarts, Cholet butte en effet contre les Béarnais, 2 manches à 1 en demi. Cependant, Jean Galle va prendre sa revanche lors de la demi-finale de la deuxième édition du Tournoi des AS. Le technicien va même tenter un coup de poker voyant ses leaders habituels diminués, un Warner à 8 sur 18 aux tirs et un Demory avec seulement 3 passes. Alors que les deux équipes sont à égalité, 59 partout, Jean Galle lance sur le parquet du Mans son jeune espoir, Antoine Rigaudeau. Devant le public manceau, le jeune Rigaudeau se révèle. En 18 minutes de jeu, le futur roi s’illustre avec 14 points à 100 % aux tirs ! Cholet s’impose alors 86 à 72 et rejoint en finale l’invité surprise du tournoi, le Mulhouse Basket Club qui vient d’éliminer le grand CSP.
Grand favori de la rencontre, Jean Galle semble se diriger vers son premier titre dans les Mauges. Cholet déroule et compte bientôt 17 points d’avance mais Mulhouse grappille son retard. Les deux équipes se retrouvent alors dans le money time à égalité, 80 partout. C’est le moment que choisit Ron Davis, meilleur marqueur du championnat (31,1 points de moyenne), pour inscrire son premier fait d’armes dans l’histoire du basket français. A deux secondes de la fin, l’américain de Mulhouse dégaine un panier au buzzer (82-80), offrant le premier titre de son histoire au Mulhouse Basket Club.
Jean Galle et ses ouailles échouent une nouvelle fois en finale. Ces trois finales inscrivent toutefois durablement le nom du technicien nordiste dans l’esprit des supporteurs de la Meilleraie qui le surnomment « le sorcier des Mauges ». Souvent placé mais jamais vainqueur, Jean Galle s’est cependant offert à Cholet quelques victoires de légende comme un fameux soir de janvier 1989 en Coupe des Coupes contre le Real Madrid.
Retour dans le Nord
L’année suivante, à la surprise générale mais à la demande d’Albert Denvers, maire de Gravelines, Jean Galle retrouve sa région natale. Champion de France de Nationale 2 en 1987, le BCM ne rejoint l’élite qu’un an plus tard. Pour le lancement de la LNB, aucune promotion n’avait en effet été effectué dans la toute récente Nationale 1A. C’est donc grâce à sa victoire en Playoffs d’accession en 1988 face à Nancy que Gravelines accède à la première division. Jean Galle a donc la lourde tâche d’installer durablement les Maritimes dans l’élite après une honnête 10e place pour leur premier exercice.
Les résultats ne sont évidemment pas au niveau de ceux de Cholet mais Galle emmène tout de même ses joueurs à deux 4e places en 1992 et 1993. A partir de 1995, le club nordiste est en proie à des difficultés financières et ne doit son salut en Nationale 1A devenue entre-temps la Pro A qu’à l’arrêt du Jet Lyon. Jean Galle quitte les Maritimes pour retrouver les Mauges, également en difficulté en championnat. Avant d’arrêter le coaching à l’issue de la saison 1995-1996 et de prendre un poste de directeur sportif au club, le sorcier des Mauges réussit son pari et maintient son club en Pro A à la 13e place.
Jean Galle aura passé près de trente ans sur les bancs de l’élite marquant de son empreinte le basket hexagonale, empreinte que sa disparition survenue le 29 septembre 2023 ne pourra effacer.