Le shoot du titre de Micheal Ray Richardson restera à jamais comme une des actions les plus marquantes de l’histoire de la LNB. Pourtant, à la reprise de cet opus 1994-95, l’ancien NBAer ne fait pas partie de l’effectif antibois. Le roster du finaliste 1994 a de l’allure. Arsène-Mensah, Billie Joe-Williams, Laurent Foirest, Jean-Philippe Méthélie, Stéphane Ostrowski, Fred Domon, Willie Redden… le tout drivé par un petit magicien, David Rivers, ex-doublure de Magic Johnson chez les Lakers. Seulement la saison ne commence pas sous les meilleurs auspices, Antibes étant éliminé au tour préliminaire de l’Euroligue par le CSKA Moscou. L’Américain Henry James prend la porte, et pour le remplacer, Jacques Monclar suit les conseils de son ancien pivot, Lee Johnson et fait venir un ailier de 39 ans, ancienne star de la NBA, banni pour usage de drogue : Micheal Ray Richardson. « Il nous fallait un voyou », dira Jacques Monclar à son sujet. La greffe prend. L’ailier a de sacrés beaux restes et le démontre (15,7 points, 4,9 rebonds, 3,7 passes, 2,4 interceptions). Quatre ans après la saison du titre, Antibes reprend à Limoges la pole position en championnat (21-5).
En playoffs, Levallois puis Cholet sont hachés menus la meilleure attaque de la Pro A. En finale, jouée au meilleur des cinq manches face à Pau-Orthez, Antibes perd le premier match à l’Espace Piscine (87-91) et remporte le match 2 après prolongation (100-96). Les Palois ont fait le break et ont l’occasion de plier la série dans leur Palais des Sports. Mais dans le sillage d’un immense David Rivers (36 points), les Antibois s’adjugent la troisième manche. « Vous ne gagnerez pas deux fois de suite ici », promet Pierre Seillant. Pourtant, les Azuréens font de nouveau la course en tête au match 4 et mènent 79-73 à trois minutes de la fin sur un dunk de Laurent Foirest. Les Palois réagissent par l’intermédiaire des locaux, les frères Gadou et Freddy Fauthoux, et reprennent les commandes à 20 secondes du terme (80-79). Sur son dernier temps-mort, Jacques Monclar annonce un système pour Micheal Ray Richardson. Précision, le vétéran est à 2/17 aux tirs à ce moment du match. Il a tout raté ou presque. Il ne rate pas le dernier. 3 secondes et 5 dixièmes à jouer. Dernière possession paloise. Freddy Fauthoux remonte le terrain, fait mine de shooter à mi-terrain mais trouve Ricky Winslow seul à trois mètres face au cercle. Son petit tir précipité trouve l’arceau. Antibes est champion. Un titre que le club azuréen, rattrapé par ses problèmes financiers, ne pourra pas étrenner en Euroligue.
Les faits marquants de la saison
Trois clubs français atteignent une demi-finale de coupe d’Europe. Limoges dispute le Final Four de la C1 à Saragosse. Deux ans après sa défaite à Athènes, le Real Madrid d’Arvydas Sabonis prend sa revanche en demi-finale (62-49). Antibes est demi-finaliste de la C2 face au Benetton Trevise. Les Antibois vont gagner le premier match à Trevise mais s’inclinent par deux fois à l’Espace Piscine, Petar Naumoski inscrivant 44 points au match 2. Pau-Orthez s’incline également en demi-finale de la Korac, contre Milan emmené par le jeune Dejan Bodiroga (21 ans, 55 points sur les deux matches).
Ron Anderson (Montpellier) termine top-scoreur de Pro A à 37 ans, avec un record à 48 points. Chez les Français, Yann Bonato réalise avec 23,3 points la meilleure moyenne pour un joueur français depuis la création de la LNB – c’est un dixième de mieux que Billy Joe Williams (AS Monaco) en 1990-91 (23,2 points).
Le 3 décembre 1994, Ron Curry, le marsupilami de l’ASVEL, gobe 26 rebonds contre Dijon.
Le 15 avril 1995, J.D. Jackson (Poissy-Chatou) réalise 11 interceptions contre Caen. Soit la deuxième meilleure performance LNB de l’histoire (12 de Derrick Lewis le 24/02/90).
Les Trophées de la Saison 1994-95
M.V.P. Français : Yann Bonato (P.S.G Racing) | Meilleur Marqueur : Ron Anderson (Montpellier) – 25.5 pts | |
M.V.P. Etranger : David Rivers (Antibes) | Meilleur Rebondeur : Ian Lockhart (Dijon) – 12.3 rb | |
Entraîneur de l’Année : Jacques Monclar (Antibes) | Meilleur Passeur : Laurent Sciarra (P.S.G Racing) – 9.4 pd | |
Meilleur Jeune : Alain Digbeu (ASVEL) | Meilleur Contreur : Conrad McRae (Pau-Orthez) – 3.1 ctr | |
Défenseur de l’année : Richard Dacoury (Limoges) |
En 1994-95, l’ALM Evreux fait un beau premier de la saison régulière. Le talent du top-scoreur de la Pro B, Bruce Bowen (29,3 points, et une pointe à 53 points, personne n’a fait mieux depuis en LNB), la sérénité de Claude Williams, l’expérience des Français, Eric Fleury, Pat Zamour, George Vestris, etc… et la folie du jeune Jean-Marc Kraidy (18 ans) ont eu raison de tous ses adversaires, et notamment de l’équipe de Besançon, 7e au classement. Une place honorable pour la deuxième saison en Pro B du club bisontin.
Mais le BBCD a les dents longues… et de sacrés arguments entre le jeune Eric Micoud (21 ans) tout juste sorti de l’université de Georgetown, sa très forte paire intérieure Skeeter Jackson – Ronnie Smith, et son renfort cinq étoiles arrivé juste avant les playoffs, l’Américain Tony Farmer (24 ans) vu à Pau-Orthez deux ans plus tôt. Porté par son attaque de feu (93,5 points de moyenne en playoffs), le BBC élimine Chalon-sur-Saône en huitièmes de finale, passe dans un trou de souris contre Caen, deuxième de la saison régulière en quarts de finale (96-94 lors de la belle à Caen), puis récidive contre le HTV en demi-finale.
Lors de la finale jouée en trois manches gagnantes, l’avantage du terrain sera décisif pour prendre le dessus sur l’équipe de Tours. Les Bisontins remportent la belle à domicile devant des Dahus (leurs supporters) déchainés (104-85). C’est le début d’une aventure de six ans en Pro A.
Les Trophées de la Saison 1994-95
M.V.P. Français : Freddy Hufnagel (La Rochelle) | Meilleur Marqueur : Bruce Bowen (Évreux) – 29.3 pts | |
M.V.P. Étranger : James Banks (Caen) | Meilleur Rebondeur : Keith Hughes (Le Havre) – 15 rds | |
Entraîneur de l’Année : Non attribué | Meilleur Passeur : Oliver Taylor (Roanne) – 7.2 pd | |
Meilleur Jeune : Non attribué | Meilleur Contreur : Cedric Lewis (Roanne) – 3.1 ctr |