Paris contre Bourg-en-Bresse, c’est le choc de la 15e journée de Betclic ÉLITE, programmé ce dimanche à 19h sur DAZN, en clair. Mais ce fut aussi l’un des moments forts de l’année 2024 en tant qu’affiche 100% française d’une finale de Coupe d’Europe, finalement remportée 2-0 par le club de la capitale.
Le calendrier est parfois bien fait. Si l’on excepte les deux matchs en retard disputés le week-end dernier à La Rochelle et Monaco, l’année 2025 de Betclic ÉLITE va démarrer avec une affiche digne de l’un des moments forts de l’année 2024 : la finale d’EuroCup entre Paris et Bourg-en-Bresse, la deuxième affiche 100% française en finale de Coupe d’Europe après la série Nanterre – Chalon-sur-Saône en FIBA Europe Cup en 2017.
Premiers des deux groupes en saison régulière
À l’orée de la saison 2023/24, pas grand monde n’aurait misé sur une telle finale. D’un côté, Paris, même pas qualifié pour les playoffs de Betclic ÉLITE. De l’autre, la JL Bourg, éliminée de façon anonyme en 2023 dès les 1/8e de finale par le Promitheas Patras. Et pourtant… Avec du recul, quelle finale plus logique que celle-ci ? Transfigurée par l’arrivée de Tuomas Iisalo et d’un noyau venu du Telekom Baskets Bonn (six joueurs et quatre membres du staff), l’équipe de la capitale développe un jeu up tempo autour de la traction T.J. Shorts – Nadir Hifi. Avec 17 victoires en 18 matchs, Paris termine en tête de son groupe, tout comme la Jeunesse Laïque, engagée dans la plus belle saison de son histoire, avec un futur n°1 de Draft NBA dans ses rangs, Zaccharie Risacher, et un fort collectif cornaqué par Frédéric Fauthoux.
En playoffs, les deux représentants tricolores font parler la logique. Le Paris Basketball se défait du piège Badalone (86-70) en quart de finale puis sweepe Londres en demi-finale (2-0). De son côté, la JL Bourg maîtrise Prometey (96-85) avant de terrasser le Besiktas Istanbul dans une demi-finale bouillante (2-1). Dans l’Ain, on se pince face à la composition du dernier carré : Paris, Londres, Istanbul et… Bourg-en-Bresse, qui dénote presque au milieu de ces mégalopoles.
Ainsi, mi-avril, le Paris Basketball et la JL Bourg se disputent un billet pour l’EuroLeague, dans une finale en forme de choc des modèles. L’explosion météorique de Paris (6e saison seulement) face à la tradition locale de Bourg-en-Bresse (87 saisons d’existence pour la Jeu), la capitale face à la province, la renommée internationale face à l’implantation dans le tissu local, etc. Sur le terrain, la tendance semble pencher pour les Parisiens, invaincus dans leur Adidas Arena tout juste inaugurée. “Tout le monde sait que nous sommes les favoris dans cette finale”, acquiesce Nadir Hifi avant le début des choses sérieuses. “Lorsque nous perdons, c’est avant tout de notre fait. Si on joue notre basket, avec le niveau d’intensité qui est le nôtre, je pense que ça ira.”
Le cavalier seul de Paris à l’aller
Arrogance ? Pas vraiment. Le Match 1 donne raison à l’ancien portelois. À vrai dire, il n’y a pas vraiment match. Paris domine allègrement les débats, tutoie les 20 points d’avance dès le quart d’heure de jeu (40-21), compte jusqu’à 27 longueurs d’avance (60-33, 24e minute) avant de se relâcher pour donner une ampleur plus acceptable au score final (77-64). “En première mi-temps, on a dominé offensivement et défensivement, comme on voulait le faire, et les impacter“, analyse Nadir Hifi. “Nous sommes très contents du match. C’est un premier pas vers le titre.”
La vaine résistance de Bourg au retour
Le deuxième pas vers le titre est programmé trois jours plus tard, à Ékinox. Mais l’affaire promet d’être différente. “Il faut montrer un peu plus de dureté, un peu plus de fierté“, tonne Frédéric Fauthoux, le coach burgien, déçu de la timidité des siens à l’Adidas Arena. C’est ce qui est fait. Au cœur d’une immense ambiance, sous les yeux de François Hollande qui porte l’écharpe de la JL autour du cou, les Bressans livrent cette fois un vrai combat mais se retrouvent mal récompensés à la pause. Malgré une première mi-temps flamboyante (30-22, 11e minute), la JL n’est qu’à +3 au moment de regagner les vestiaires (46-43). L’heure de l’estocade pour Paris ?
Ce faible écart à la pause est effectivement le tournant de la soirée. Les hommes de Freddy Fauthoux ont beau faire le dos rond pendant un quart-temps, et continué à mener jusqu’à la 32e minute (67-66), le vent a tourné. Et l’histoire s’écrit dans le money-time à Ékinox, lorsque Paris plante un 9-0 dévastateur : deux tirs primés de Mikael Jantunen, entrecoupés d’une flèche lointaine de Tyson Ward. Le dernier clou dans le cercueil burgien sera planté par Nadir Hifi, qui scelle le triomphe parisien à moins de deux minutes du buzzer (81-89, score final).
Hifi debout sur la table de presse
Auteur du shoot de la victoire, Nadir Hifi se mue ensuite en leader de cérémonie. Lui, l’ancien joueur de NM3, recalé de multiples centres de formation, lancé de manière anonyme en pro par Le Portel à… Ékinox (2 minutes de jeu en 2021). “J’ai mis mes premiers points en pro dans cette salle et je deviens champion d’Europe ici. Les derniers tirs, ça fait partie de moi, j’ai énormément de caractère. Je ne ressens pas la pression et c’est pour ça qu’on me donne ces responsabilités à cet âge-là.“
Dans les entrailles d’Ékinox, Nadir Hifi poursuit son festival. Après un mélange de larmes et de confettis dans le rond central, les Parisiens se retrouvent tapis dans l’ombre, agglutinés dans le sas d’entrée de la conférence de presse, où Tuomas Iisalo et T.J. Shorts expriment leur bonheur devant les trente journalistes présents. Le feu est donné par… Amara Sy, le directeur sportif du club, et tous les vainqueurs de l’EuroCup bondissent pour arroser leur coach. Déchaîné, masque de ski sur le visage, Hifi est debout sur la table à scander le nom de son entraîneur : “IISALO – IISALO – IISALO !”
Paris, l’entrée dans la cour des grands
Pour le Paris Basketball, la fête se poursuivra longtemps dans les rues de Bourg-en-Bresse, malgré le sacrifice financier d’un établissement nocturne burgien qui refoulera les Parisiens à l’entrée, au nom de son allégeance à la JL. Tant mieux pour une autre boîte de nuit, qui aura peut-être fait l’un des chiffres de l’année !
Ce 12 avril 2024 aura marqué une date importante dans l’histoire du Paris Basketball : son entrée dans la cour des grands, une nouvelle étape dans une ascension phénoménale, soulignée par Tuomas Iisalo. “« Ce titre symbolise une ascension météorique de la part du Paris Basketball. Je ne sais pas s’il y a déjà eu un équivalent dans l’histoire du basket européen. Cela veut tout dire du travail de David Kahn et Eric Schwartz, pour amener le club à ce niveau. Cela fait des années qu’ils font du bon boulot. Évidemment, pour l’équipe, c’est un accomplissement sportif énorme mais c’est aussi un immense pas en avant pour le club. Toutes les pièces du puzzle se sont assemblées en même temps : l’inauguration de l’Adidas Arena, le premier trophée avec la Leaders Cup, l’EuroCup…Quand je suis arrivé à Paris, j’ai immédiatement vu qu’il y avait tellement de talent dans ce pays. C’est incroyable ! J’ai dit à des amis que l’on pouvait accomplir quelque chose de vraiment spécial, qu’il y avait une vraie culture basket dans cette ville. C’est une histoire unique. Il faudra que l’on trouve le moyen de la poursuivre l’année prochaine. Dès qu’on gagne un trophée, on place automatiquement la barre un peu plus haut.” La suite s’est écrit sans le Finlandais, parti dans le staff des Memphis Grizzlies, mais pour l’instant, Paris continue de surpasser toutes les attentes, actuel 3e de l’EuroLeague. La barre est donc encore un peu plus haut mais pour l’heure, la réception de la JL Bourg conviera dimanche soir de bons souvenirs à l’Adidas Arena.
Photo de une : Alexandre Josserand / JL Bourg