Ce vendredi, le Stade Rochelais Basket tentera de s’offrir sa première victoire historique à domicile en Betclic ÉLITE. Le club charentais reçoit Strasbourg. Un match forcément particulier pour le directeur sportif de La Rochelle, Aymeric Jeanneau, champion de France il y a 20 ans avec la SIG.
Pour le Stade Rochelais, c’est une découverte un peu difficile de la Betclic ÉLITE ?
Oui, on s’y attendait. On savait que ce serait compliqué, parce que notre budget n’est pas assez conséquent. Mais ça reste difficile à vivre. On n’aime pas perdre, évidemment. Il faut trouver les leviers nécessaires pour aller chercher une deuxième victoire qui pourrait nous donner une dynamique différente afin d’aller en décrocher d’autres par la suite.
Quand vous dites que vous attendiez à ce que ça soit difficile, pensiez-vous tout de même que ça le serait à ce point ?
Oui oui. On s’était même préparé à mettre du temps à gagner. On savait que ça allait être très dur. La Betclic ÉLITE est un step encore plus fort que ce qu’on avait vécu il y a deux ans entre la NM1 et la Pro B. Après, on se devait d’être très bon dans l’équilibre de l’équipe et du recrutement des joueurs. Ça n’a pas été facile, avec un blessé dès l’arrivée (Allen Flaningan). Or, le moindre grain de sable va nous perturber plus que d’autres. On en a eu pas mal déjà et ce n’est pas simple à gérer.
Cela dit, on n’est qu’au tiers de la saison… Il reste forcément de l’espoir pour La Rochelle ?
Bien sûr. La motivation est là, l’envie aussi. On va se battre et faire le maximum pour réussir. On va avoir besoin de plein d’éléments, il faudrait que tout s’aligne, comme ce fut le cas l’année dernière. C’est la magie du sport, ce ne serait pas intéressant sinon. À nous de provoquer les choses pour revivre cette magie.
De quels leviers disposez-vous encore ?
Dans beaucoup de matchs, on n’est vraiment pas si loin. Le levier, c’est de récupérer un effectif complet et en forme. L’état d’esprit est bon mais la défaite affecte quand même au bout d’un moment. Des fois, on ne comprend pas tout ce qui se passe dans le sport. En espérant qu’on puisse renverser cette dynamique. C’est ça notre levier : à nous de provoquer pour que tout s’aligne en notre faveur.
En dehors des résultats, que représente cette arrivée en première division pour le Stade Rochelais ?
C’est un gros step par rapport au projet club de vouloir s’installer en Betclic ÉLITE. Pour ça, il nous faut un autre levier de développement pour réussir. Cette montée a été bien amené l’an dernier mais notre budget ne suit pas la dynamique sportive. Nous sommes limités par une infrastructure trop petite : on n’a pas assez de place, pour le public, pour les VIP, l’accueil est encore loin d’être optimal. Tant qu’on n’aura pas une nouvelle salle et une infrastructure qui nous permette de développer encore plus notre économie, on sera limité à jouer les petits rôles de Betclic ÉLITE, voire même les rôles moyens de Pro B. Notre envie est de rester mais on travaille beaucoup sur le dossier économique.
Quid de l’engouement ?
Ça a été énorme sur toute la période estivale après la montée, et ça le reste encore. Il y a plusieurs milliers de personnes sur la liste d’attente lors de l’ouverture de la billetterie à chaque match. Les gens ne se découragent pas mais ils savent que c’est ultra-compliqué d’avoir un ticket pour assister au match. Même si on perd, les gens passent une bonne soirée, voient du beau basket et ont envie de revenir. Il y a un vrai rapprochement et intérêt Stade Rochelais, que ce soit le rugby ou le basket, pour les gens. C’est une vraie chance pour nous.
Dans ce contexte, c’est un match capital vendredi contre la SIG Strasbourg pour ne pas se faire décrocher…
Oui. Comme chaque match, c’est une rencontre dans l’urgence pour nous. Chaque match est capital, ça fait un moment qu’on le dit. La SIG Strasbourg tourne peut-être moins bien qu’il y a quelques années, mais encore très bien quand même, et a envie de se rassurer chez nous. Ça va être très difficile pour nous. Chaque match est une finale.
À titre personnel, la SIG Strasbourg est un club particulier pour vous…
(il rit) Oui, avec tout le temps que j’y ai passé, comme joueur ou à la direction, forcément. J’ai beaucoup d’affect avec la SIG. Quand je suis parti, on m’a peut-être dit que je manquais d’ambition en partant en NM1 mais je suis très heureux aujourd’hui d’être dans un club qui se développe et qui a un vrai projet. D’être en Betclic ÉLITE et de rencontrer la SIG aujourd’hui, c’est un beau clin d’œil.
Surtout que la SIG fête les 20 ans de son titre cette saison…
20 ans déjà ! (il rit) On a tellement raté le deuxième titre… Faire partie du seul titre de la SIG Strasbourg, c’est toujours chouette. J’ai plein de souvenirs de cette saison. 2005, c’est un état d’esprit dans un groupe exceptionnel, où j’étais le seul joueur né en France. Il y avait une telle attention les uns envers les autres, des liens très forts et c’est ce qui nous avait permis de faire la différence. Entre staff, joueurs et club, ça avait été génial.
Avec qui êtes-vous le plus en contact ?
Craw Palmer, parce que nous étions très proches. Les frangins Greer aussi, évidemment. Après, c’est quelques messages échangés avec Afik Nissim, John McCord. J’espère pouvoir reprendre les liens. Peut-être que le club organisera quelque chose pour les 20 ans… Si on peut renouer avec tout le monde, ce sera chouette.
Que deviennent les frères Greer, qui ont marqué l’histoire de la Pro A ?
Ricardo est assistant-coach à l’université de Dayton, en NCAA. Jeff travaille à Las Vegas dans un hôtel. Celui où je n’ai aucune nouvelle, c’est Innoncent Kéré. Petit appel : si quelqu’un peut trouver Innoncent Kéré et qu’il nous fasse signe, ce serait trop, trop bien !
C’était le Gang de New York…
Oui, avec quatre New-Yorkais qui étaient très liés. On était capables de prier ensemble en avant-match, de bénir les repas ensemble, alors qu’il y avait cinq ou six confessions religieuses différentes : musulman, catholique, orthodoxe, protestant, juif… Les liens étaient très forts, on passait au-dessus de toutes croyances mais on croyait l’un en l’autre. C’était super.
Qu’est-ce que ce titre a représenté pour Strasbourg ?
Ça a permis au club de concrétiser ce qu’il devenait. La SIG se développait au début des années 2000, après avoir connu quelques difficultés. La SIG a pu toucher le haut du tableau, jouer en EuroLeague et créer son histoire par la suite avec ses cinq finales malheureuses. Jouer cinq finales d’affilée, ça voulait déjà dire quelque chose. Le basket a vraiment sa place à Strasbourg. Le Racing (le club de foot) est très important localement mais le basket existe et continue d’avancer. C’est important.
RDV ce vendredi 13 décembre à 20h sur DAZN pour La Rochelle vs Strasbourg.